Taupes : Alain B., Pierre B., Thibault et Victor B., Marie T. et Narou
En ce frais mais ensoleillé dimanche matin de décembre, nous décollons vers les contrées lointaines de Neuvic, avec 2 nouvelles recrues dans la voiture, j’ai nommé Victor Bucquoy (benjamin humain du club), et Narou (unique représentant canin de l’expédition, spécialiste en balles et bâtons). Que la campagne est belle saupoudrée de givre ! Après un passage obligé par le café du coin, nous nous dirigeons vers la cavité. Nous suivons Olivier à travers champ, puis à travers bois, traversons sous les balles une horde de chasseurs, et nous finissons par nous garer au beau milieu de la forêt. Revêtus nos habits de lumière, chacun compare ses outils de travail : pelle US, pioches, pied de biche, binettes et le fameux bi-dent fabrication maison Besse. Car aujourd’hui n’est pas une sortie classique : il s’agit de désobstruction ! De vastes galeries pleines de trésors vont s’ouvrir à nous à force de sueur et de persévérance !
Bref, nous arrivons devant l’entrée de la cavité : un porche de belle taille, presque entièrement comblé par de la terre. Partout autour s’ouvrent des tunnels étroits : nous sommes sur le territoire d’une colonie de blaireaux. Nous nous engageons en rampant sous le porche : Narou hésite mais finit par suivre son maître, Victor se jette à plat ventre à sa poursuite. Après avoir rampé sur une dizaine de mètres, nous pouvons enfin nous relever. Si il persistait des doutes sur l’espèce des résidents de cette cavité, ils sont tous dissipés par l’odeur et la vue : nous sommes debout au beau milieu des sanitaires des blaireaux (pour ceux qui ne le savaient pas, les blaireaux creusent des petits trous et font leurs besoins dedans et toujours au même endroit.
Quand le trou est plein, ils le rebouchent et en creusent un autre à côté : ce sont eux qui ont inventé les toilettes sèches !). Passés cette pièce, nous poursuivons notre route dans la grotte : quelques étroitures que nous élargissons en creusant, nous faisons demi-tour sans atteindre le terminus car une dizaine de chauves-souris a élu domicile dans une des dernières salles, pas question de les déranger ! Nous avons repéré au passage de nombreux départs de galerie pour le chantier de l’après-midi. Nous ressortons pour nous sustenter. Pierre nous rejoint après manger pour nous prêter main-forte et nous retournons avec lui sous terre.
Débute le chantier de désobstruction : chacun y va de sa pelle ou pioche pour se frayer un passage dans l’argile. Plusieurs équipes se forment, mais le principal chantier est celui qui creuse une véritable tranchée au sein d’un laminoir imposant. En effet, le laminoir, large d’au moins 2 mètres, est en fait une galerie de belle taille, complètement remplie d’argile. Nous ne parvenons pas à apercevoir le fond de la galerie. Les travaux débutent et au bout d’une quinzaine de minutes, je suis réquisitionnée pour aller me faufiler aussi loin que possible. J’emprunte la tranchée, puis la quitte pour ramper tant bien que mal vers un endroit où l’argile s’abaisse un peu.
Je me stoppe pour éclairer au loin, ne voit toujours pas le bout de la galerie, mais mon ouïe est titillée par un geignement qui me fait penser aux cris que poussent les chiots nouveaux-nés : malheur, ce sont surement des bébés blaireaux ! Je fais demi-tour en catastrophe de peur de voir la mère arriver pour défendre sa progéniture. Je me fais moquer en sortant : ce sont, je cite, mes hormones de femelle, qui m’ont fait entendre des voix ! Les blaireaux à deux pattes reprennent alors le creusement de la tranchée, avec l’aide de Narou. Plus tard, c’est Thibault qui s’enfile dans la tranchée et se rend où j’étais stationnée tout à l’heure : « mais c’est marrant, on entend couiner des trucs au fond du laminoir… Oh merde j’entends grogner ». Et le voilà qui fait demi-tour en catastrophe et qui rampe ventre à terre pour nous rejoindre.
Notre expédition se termine peu après cela et nous regagnons les voitures pour rentrer au chaud ! (Sauf Narou qui passe d’abord par la case étang pour se débarrasser de toute la boue qui le recouvre !)
Moralité : L’avenir de la spéléologie se trouve dans les repaires de blaireau ! La bise au chien et à la prochaine sous terre !
Marie T