Participants : Sandro Alcamo (SC EPIA), Thibault Bucquoy, Olivier Delord, Aurélie Mazeau, Vincent Peureux, Eloïse Roussin, Marie Triquet, Narou Rantanplan + Antoine Claude, Virginie Pouyade (SC Cern), Johan Hatsch (SC Cahors) + Lirian Cabrera-Lebouvier (Leize Mendi) + Benoît Lebeaupin (SC EPIA) Aurélie et Sandro (dit Fraise dans le texte) nous ont concocté un programme alléchant de spéléo à gogo dans la mythique Coume Ouarnède, plus grand réseau de France avec 117 km de galeries et 57 entrées différentes en 2022. Encore « un vaste jardin d’agrément » expression qui décrit le massif d’Urkulu mais que nous n’hésiterons pas à reprendre ici à propos de la Coume, avec beaucoup de similitudes dans la comparaison ! Donc, Aurélie et Sandro, ces derniers étant les locaux, nous accueillent dès le vendredi au gîte du SC EPIA à Salège près de Cazavet en Ariège. Antoine et Virginie sont arrivés dans l’après-midi puis Vincent, Eloïse, ma pomme arrivons avec la Skodapapa suivis du trio Marie, Thibault, Narou dans la Laguna SpaceX. Du soleil et d’une température qui frôle les 30 degrés chez nous, nous arrivons sur place à la nuit sous la pluie et une température en berne. Pas grave, le local- chalet du SC EPIA est vaste et accueillant, un nid douillet avec tout le confort et un esprit spéléo qui ne se prend pas au sérieux ! Repas et première nuit où chacun a trouvé sa place.
– Samedi 27 mai – Gouffre Georges – Mont Béas, massif de Lers ou Lherz – Ariège
L’idée de Fraise est de nous amener sur le massif de Lers – en dehors de la Coume – descendre dans le gouffre Georges qui est actuellement équipé jusqu’au siphon pour plusieurs raisons en plus du fait que les cordes soient déjà en place : le gouffre est particulièrement esthétique car il se développe dans le marbre de différentes nuances (blanc, bleu, rose, orangé), que la rivière est très belle et que les volumes sont grandioses, mais aussi parce que d’après notre géologue, Vincent, c’est à cet endroit que l’on peut trouver de lherzolite, une roche magmatique issu du manteau supérieur terrestre visible au dessus de l’étang de Lers ainsi que des affleurements dans le trou. Bref, de quoi contenter tout le monde ! Marie se dévouera, telle Mère Teresa, à rester garder Narou au chalet. Johan nous rejoins à l’étang et le temps de se changer et de se préparer, à 11h du matin nous ouvrons la trappe d’entrée du gouffre et ce dernier nous souffle son haleine froide et forte pour nous mettre dans l’ambiance.
Une des entrées que nous empruntons est baptisée Le Tube, bien nommé du fait de la buse métallique où l’on se glisse pour y pénétrer. Nous sommes une grosse équipe de onze clampins à rentrer tous ensemble dans la cavité avec deux objectifs : une équipe qui ira jusqu’à la vaste Salle de la Famine à -200 et une autre qui tâtera le fond du vieux Georges. A noter que les vaillantes jeunes recrues, Eloïse, Lirian et Benoît se laisseront happer par l’appel du vide du Grand Georges et descendront jusqu’à -300. Le courant d’air froid est nettement sensible dès l’entrée puis dans les passages plus étroits jusqu’à déboucher en haut de la Grande Galerie, dont le simple nom >te laisse entrevoir le gigantisme, ami lecteur ! La fameuse lherzolite de couleur sombre est bien présente tout du long de la paroi au contact du marbre blanc que nous ne quitterons plus jusqu’au tréfonds du trou. Nous dévalons la galerie accompagnés par la rivière pour se retrouver à la Salle de la Famine où nous sommes déjà à -200 à une vitesse record en spéléologie ! C’est ici que l’équipe composée de Fraise, Antoine, Virginie, Johan, Thibault et moi quitte le premier groupe pour s’enhardir au fond. Le P. 60 qui n’a l’air de rien est vite avalé puis après quelques ressauts nous prenons pied dans la rivière, nous sommes à -300 et il est midi, soit une heure après notre entrée ! A partir de là, le parcours dans la rivière est splendide dans un marbre blanc, rose, puis strillé de gris/bleu pour arriver au siphon 1.
Fraise nous propose de monter dans le réseau fossile qui permet d’accéder au siphon 2 pour casser une graine à l’abri de l’humidité de la rivière. Les petites poches du repas sont les bienvenues car il fait faim et à peine le temps de se griller une clope que nous repartons vite fait voir le second siphon en laissant nos kits là. Après quelques oppositions vicieuses, des marmites où les bottes se remplissent, nous débouchons sur le P. 25 terminal : l’ambiance y est dantesque car la rivière s’y rue avec fracas et une longue main courante tendue comme un string permet d’accéder à la tête de puits décalée, qui, en un jet nous amène en bas dans les embruns et le bruit de la rivière ! Le siphon 2 est juste après, étroit, qui ne donne pas vraiment envie de s’y jeter, nous sommes à -432 m et après un petit pipi dans l’eau, nous entamons la remontée. Tout du long, c’est ce qui reviendra le plus souvent dans la bouche de tous, ce sont toutes ces mains courantes qui s’avèreront chiantes à passer à la remontée du fait d’un équipement hors crue très bien posé. La Grande Galerie tire dans les muscles des jambes et nous voici rendus à la sortie où Vincent nous attend avec son appareil photo pour nous tirer le portrait dans le feu de l’action ! Aurélie, Eloïse, Lirian, Vincent, Benoît sont sortis depuis un moment et ont essuyé un bel orage en nous attendant. Il est 18h30 quand les derniers sortent puis nous regagnons le chalet à Salège. Apéro, repas au chaud et gros dodo pour clôturer la mise en jambes du séjour !
– Dimanche 28 mai – Traversée gouffre Duplessis / gouffre Raymonde et vice versa – Système Félix Trombe – Haute-Garonne
Au matin ensoleillé, le temps d’émerger à coups de café, deux équipes se constituent : la première descendra par le gouffre Raymonde et ressortira par la gouffre Duplessis et la seconde fera l’inverse. Cette fois les puits des deux gouffres ne sont pas équipés exceptés quelques mains courantes, des petits ressauts et les shunts pour le passage en crue des cascades de la rivière du Raymonde. Cette fois, Thibault a réussi à refourguer le chien aux voisins spéléos du chalet et nous serons donc douze sous terre : au Raymonde : Fraise à l’équipement – il est le seul de la bande à connaître la traversée – accompagné d’Aurélie, Lirian, Eloïse et Vincent.
Au Duplessis : Thibault à l’équipement, Antoine, Virginie, Johan, Benoît, Marie et moi. Les kits prêts, nous nous changeons au parking de la Fontaine de l’Ours puis chaque équipe part dans des directions diamétralement opposées. Antoine a eu la bonne idée de prendre les coordonnées du Duplessis sur sa montre ce qui s’avéra nécessaire car l’entrée du gouffre de petite taille se situe à côté d’un monstrueux avec de multiples accès et ponts rocheux.
Thibault attaque l’équipement du P. 48 d’entrée qui se révèle compliqué car il y a beaucoup de spits mais peu sont fiables et/ou mal placés, nous suivons lentement tandis qu’Antoine remonte modifier l’équipement à cause d’un frottement trop important. Il est 13h lorsque nous sommes rendus à la base des puits où nous décidons de manger tandis que le froid nous tombe dessus. Nous avons pris du retard aussi faudra-t-il se bouger pour retrouver la seconde équipe. Le cheminement est un peu scabreux dans des passages bas, des boyaux qui partent de partout mais le courant d’air est un très bon indicateur sauf à au fameux carrefour il-faut-pas-se-planter : Fraise nous avait dit : « Si vous voyez un laminoir avec du courant d’air et une flaque de mondmilch, n’y allez pas c’est la galerie vers le Réseau Pourri ! Prenez la galerie complètement à gauche ! ». Heureusement, il y en a qui ont écouté et nous bifurquons sagement sur la gauche avant de commencer à entendre le vrombissement de la rivière qui se rapproche. Puis j’entends des voix, non je ne suis pas Jeanne la Pucelle, ce sont les copains de l’autre équipe qui sont déjà là ! Au moment où je les rencontre, ils ont monté un petit ressaut pour lequel nous avions une corde pour équiper le passage et les aider à monter mais à cause de notre petit retard, ils ont fait ça en libre sans problème. L’ambiance est à l’humide, il faut parler fort pour couvrir le bruit de l’eau et se cacher des embruns car c’est à cet endroit que la rivière se précipite dans le fameux puits Delteil (P. 133 m).
Fraise nous assure qu’il y a un peu d’eau dans la rivière mais que ça passe partout et que ce n’est pas la peine de prendre les shunts qui sont équipés lorsque le niveau d’eau est trop haut pour passer les cascades. Le parcours dans la rivière est splendide : le calcaire noir des parois tranche avec le fond blanc du chenal et les passages alternent avec des méandres puis des salles plus larges.
Après quelques « Tarzaneries » (qui est la contraction de Tarzan et d’âneries) au dessus des vasques profondes sans qu’aucun ne s’y vautre, nous arrivons à la base du puits Nède (P. 35 m) non sans avoir emprunté une corde à droite du parcours qui m’a amené dans un boyau infâme et très très étroit… Les puits s’enchaînent juste à la base de puits Raymonde, du nom de la fille de Norbert Casteret qui l’a descendu la première en 1957.
Dehors, il fait humide, Vincent nous rejoint, il a préféré faire une balade géologique dans le massif et nous annonce qu’un gros orage s’est déversé dans l’après-midi… Thibault et Johan suivent en déséquipant les puits mais laisseront sur places 2 plaquettes-anneaux dont ils pensaient que c’est de l’équipement en fixe. Nous rejoignons les autres qui sont déjà changés, secs et quasi propres au parking des voitures. Temps maussade et chute des températures. Retour au chalet et nous enchaînons l’apéro puis un repas chaud au chalet de l’EPIA, décidément au top de la convivialité ! Mauvaise surprise pour nos jeunes tourtereaux Eloïse et Lirian dont la tente a passablement pris l’eau et les duvets et affaires sont trempés ! Heureusement le « Baisodrome » est grand, il s’agit du salon du chalet équipé de grandes banquettes où Vincent a établi ses pénates qu’il partagera pour la nuit pour dormir, bien entendu.
– Lundi 29 mai – Chalet EPIA
Nos deux déséquipeurs de la veille, Thibault et Johan reviennent au gouffre Raymonde accompagné de Sandro pour récupérer les deux plaquettes oubliées la veille. Bon, Thibault va se perdre un peu, trouver les plaquettes tandis que Fraise plante deux spits supplémentaires dans le puits d’entrée pour le fractionner et hop, les voilà de retour en début d’après-midi. Nous, pendant ce temps là, sommes allés faire le nettoyage du matos dans le ruisseau du coin, faits quelques petites emplettes pour le midi, avons rangé le chalet et nos affaires avec un brin de ménage. Dernier repas tous ensemble avant de regagner nos horizons respectifs sous une pluie pénétrante. Que dire ? Un grand merci à nos deux organisateurs d’avoir concocté ce WE, d’avoir assurer l’intendance, les sorties, etc. dans ce chalet unique de l’EPIA avec une très bonne ambiance ! Au niveau spéléo, nous avons vu des choses magnifiques et assez uniques et pour changer de notre Dordogne, les trous sont propres ! Que demande le Peuple ?!
Olivier D.